L’utilisation du BRF en génie écologique

Le BRF est une technique apparue au Canada qui consiste à épandre un broyat de bois sur des sols dégradés. Il favorise ainsi l’activité biologique et offre une solution particulièrement efficace pour la restauration des sols. Utilisé en agronomie, le BRF constitue également un outil utile en génie écologique.

Qu’est-ce que le BRF ?

BRFLa technique du BRF a été développée au Canada à partir des années 70. C’est  Gilles LEMIEUX, professeur à l’Université de Laval au Québec, qui l’a particulièrement étudié.

Ainsi, on entend par BRF « les rameaux et les petites branches vivantes (incluant ou non le feuillage) dont le diamètre ne dépasse pas 7 cm et obtenu par fragmentation » (Lemieux, 1986).

 

Pourquoi des jeunes rameaux ?

rameaux et petites branches pour du BRFLe bois « raméal » est majoritairement composé de cellulose, d’hémicellulose et de lignine. Il est également plus riche en protéines, acides aminés, sucres et matières minérales que le tronc ou les branches principales. De plus, la lignine des branches de diamètre inférieur à 7 cm n’est pas complètement durcie, ce qui rend la dégradation plus facile par les champignons. Ainsi, cet équilibre qui existe dans la composition du BRF conduit à une stimulation très rapide de l’activité biologique.

 

Quelques explications

La fragmentation des jeunes rameaux permet de faciliter le développement des micro-organismes. Parmi eux, les champignons jouent un rôle majeur car ils rentrent dans les premières phases de la dégradation de la matière organique et de la lignine. Sans rentrer dans le détail, les mycéliums des champignons participent activement au fonctionnement biologique du sol. Dès lors, certains entrent en symbiose avec les espèces végétales sous forme de mycorhizes. Cette forme de coopération facilite notamment l’absorption des matières minérales et de l’eau au niveau du systèmes racinaires des plantes.

Il s’ensuit, par l’intermédiaire des micro-organismes et de la faune du sol, des réactions et processus biogéochimiques qui favorisent la création d’humus. Celui-ci est ainsi présent sous différentes formes dans un sol et assure de nombreuses propriétés :

  • Il joue un rôle important dans la nutrition des végétaux.
  • Il structure le sol et assure sa cohésion (limite les lessivages et son érosion),
  • La rétention de l’eau est améliorée (l’humus peut contenir jusqu’à 20 fois son poids en eau).

 

Production de BRF et filières

Qu’est-ce qu’un bon BRF ?

Les études et expériences réalisées au Canada ont permis de définir le principales caractéristiques d’un “bon” BRF.

  • Afin d’obtenir de meilleurs résultats, les expériences actuelles recommandent d’utiliser du bois d’essences feuillues. On peut y ajouter un peu de résineux jusqu’à 20% du mélange.
  • L’automne et l’hiver constituent les meilleurs saisons pour prélever les rameaux et branches. Cette saison présente l’avantage de pouvoir stocker temporairement les produits de taille avant broyage ou fragmentation.
  • Enfin, le broyage effectué au maximum 24h avant épandage montre une meilleure efficacité.

Vous remarquerez que le BRF est avant tout une matière organique “fraîche” et non compostée, qui n’a rien à voir avec des copeaux de branches ou du paillage classique…

Quelle filière ?

Broyeur Triade Green World

Il n’existe pas (à ma connaissance) de filière dédiée à la production de BRF. En effet, la qualité de celui-ci dépend d’une ressource issue d’un broyage réalisé dans les 24h précédent son utilisation. Le stockage et le transport ne sont donc pas possibles sur de longues distances et la ressource ne peut être que locale.

Le développement d’une filière de valorisation spécifiques de BRF est donc à organiser localement. Certaines collectivités envisagent désormais des filières locales.

 

Les utilisations en génie écologique

Le BRF est particulièrement utilisé dans les cas suivants :

  • Restauration de sols dégradés, préalablement aux plantations,
  • Lutte contre l’érosion.

Restauration des sols avant plantations

L’épandage de BRF est particulièrement recommandé en amont de plantations sur des sites et des sols dégradés, dont l’activité biologique est considérablement limitée. C’est le cas par exemple sur d’anciennes friches industrielles ou en carrière (merlons, stériles). Il permet ainsi d’assurer une bonne reprise des végétaux dans le cadre de plantations de haies ou de bosquets.

Pour se faire, le BRF est déposé quelques mois (voire un an) avant les plantations sur une épaisseur de 10 à 15 cm…. et c’est tout. L’activité biologique fera le reste. Ainsi, en plus de protéger le sol de l’érosion, il favorise un maintien de l’humidité et limite le développement des espèces adventices.

 

Lutte contre l’érosion

Une étude réalisée par le CEMAGRED (IRSTEA) a démontré que sous certaines conditions, le BRF offrait des résultats intéressant pour la lutte contre l’érosion.

  • Le BRF joue d’abord un rôle de protection mécanique en absorbant l’énergie des gouttes de pluies qui tombent sur le sol,
  • Le développement des champignons sous forme de filaments crée une cohésion au niveau de l’ensemble et maintient les matériaux en place,
  • Enfin, l’activité biologique développée grâce au BRF facilite l’absorption de l’eau grâce aux processus de dégradation du bois qui créé des complexes argilo-humiques.

 

En conclusion, le BRF constitue un outil intéressant en génie écologique. Il nécessite néanmoins une filière d’approvisionnement courte et locale. Dans ce contexte, le porteur de projet ou l’entreprise doit se mettre en relation avec les autres acteurs et gestionnaires du territoire pour envisager des possibilités de valorisation des ressources organiques disponibles.

Pour finir, n’hésitez pas à me contacter si vous avez utilisé le BRF dans le cadre de vos projet de génie écologique. Je serai ravi d’échanger avec vous !

 

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Sources et document utiles :

Vincent BRETON, F. REY, Y. CROSAZ. Le bois raméal fragmenté (BRF) pour la lutte contre l’érosion: un
exemple de valorisation d’un déchet organique. Sciences Eaux and Territoires: la Revue du IRSTEA,
IRSTEA, 2015, pp.46-48. <hal-01181503>

Gilles LEMIEUX. Le bois raméal et les mécanismes de fertilité du sol. Publié par le Ministère de l’Énergie et des Ressources et la Faculté de Foresterie de l’Université Laval, Québec, 20 p.1986.

 

 

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